La mort d'Akira Toriyama, l'homme derrière Dragon Ball, remet un peu d'actualité sur ce genre devenu un véritable phénomène de société. L'histoire de Toriyama était avant tout une revisite enfantine, grivoise et bagarreuse de la Pérégrination vers l'Ouest. Ce grand roman - monument culturel chinois - parlait notamment d'un singe-roi volant avec un grand bâton comme arme ultime.
Le dessin très puissant de Toriyama a laissé des marques incontournables sur le Shonen : le récit initiatique d'un jeune homme poussé malgré lui au centre d'événements plus importants que sa propre destinée. Il avance en rencontrant des adversaires de plus en plus puissants. Les dragon balls perdues attirent la convoitise de tout le monde. Heureusement, Sangoku au cœur pur les protégera.
Sur ce manga qui a propulsé le genre en France et dans le monde, réécoutez cette très bonne émission !
Mais le manga n'est-ce que cela ?
Shonen, Shojo, Seinen... Le manga ou plutôt les manga(s) au pluriel déclinent un univers riche et très varié.
Avec l'exportation de la culture japonaise dans le monde, le manga est devenu le médium le plus évident. Du manga, il y en a partout au Japon. Dans les annonces publiques, dans des livres de physique, dans des livres de cuisine, dans les publicités... Ce n'est en aucun cas connoté. La preuve est là : des mangas scientifiques existent, tout comme des mangas très proches de nos romans graphiques. D'ailleurs, le parallèle fonctionne très bien !
Vous avez aimé Le Château des Animaux ou Blacksad, vous aimerez Beastars !
Vous avez aimé Murena, vous aimerez Thermae Romae ou Bride Stories, et Arte !
Le manga est structuré en fonction de l'âge ou du type de sujet publié. Ainsi, les Shonen sont des histoires dessinées pour les jeunes garçons, les Shojo pour les jeunes filles, les Seinen pour les jeunes hommes, etc. Et là-dedans, le panel est large - très large !
Par exemple, le tout récent Akane Banashi nous plonge dans l'univers du Rakugo, un art théâtral très codifié au Japon. Son côté très réaliste et sa forme permettent d'en apprendre beaucoup sur la culture japonaise et de suivre le destin d'une jeune femme dans cet univers masculin. Pour une critique plus détaillée !
Le mélange des cultures n’effraie en rien les Mangaka (les dessinateurs de manga) et le plus célèbre à avoir mélangé dans son style l'influence de la BD franco-belge reste Jirō Taniguchi. Il est l'auteur à lire pour débuter dans le manga..
Explosion du secteur :
Une bande dessinée sur deux vendue en France est un manga. L'édition travaille à revaloriser ce genre encore relégué au rang de sous-genre pour enfant. Les publications collector des grands classiques du manga offrent des formats plus proches d'une bande dessinée classique, avec quelques planches en couleurs. Le manga Demon Slayer ou L'Attaque des Titans ressortent dans une édition de qualité, mesurant 26 cm de hauteur. La taille des dessins permet d'apprécier tout le talent des auteurs.
Il en va de même pour les magnifiques adaptations de Lovecraft éditées sous une couverture d'imitation cuir. Celles-ci sont très éloignées des premières publications de Dragon Ball en vente en presse, de piètre qualité et mal traduites. D'ailleurs, les grands éditeurs de bandes dessinées ont fait le choix d'ouvrir des collections manga. La plus célèbre étant Delcourt, avec plusieurs collections à son actif.
Pour finir sur ce panel, les mangaka ne sont plus seulement "japonais". Les Français s'illustrent également en la matière, comme la ponote Zelihan avec Wandering Souls, sélectionné pour le Festival d'Angoulême 2021.
La France demeure le deuxième pays du manga, faisant de l'Hexagone un lieu incontournable de la culture nippone. Toutefois, la montée spectaculaire du manga a connu un ralentissement modéré en 2023, avec une baisse de 18 % des ventes. Cette diminution concerne principalement les gros titres. Ainsi, la diversification du manga s'est opérée et de nombreuses séries continuent à être publiées, avec plus de 160 publications par mois.
Le coût des livres a également impacté les ventes, car si un format souple à 6 euros était abordable pour la bourse des adolescents, ce n'est plus le cas avec des tomes vendus à 10 euros. On observe un retour à une certaine normalité pour le marché du manga.
Image du manga "Gundam"