George R. R. Martin

Le monolithe best-seller, non encore achevé, que représente la somme titanesque de l’œuvre de George Martin pèche par de nombreuses failles.

Avant toute chose, il est entendu que la série Game of Thrones est une réussite à tous points de vue. Ce sont d’ailleurs ces points de vue qui assurent le succès du show télévisé. La multiplicité des regards rend celui-ci rythmé et oppressant, comme il se doit.

Le hic réside dans l’attachement au même procédé pour l’écriture de G.R.R. Martin. Le récit repose exclusivement sur l’alternance redondante de narrations mono-centrées. Rien de neuf, me direz-vous. Sauf qu’avec Martin le plus sombre des personnages secondaires peut prendre l’affiche durant une dizaine de pages, avant – bien sûr – de disparaître d’atroce façon.

La construction est, en fait, ce qui détonne le plus dans cette œuvre. Est-ce dû à son premier découpage hasardeux par l’éditeur français qui a divisé les tomes en plusieurs sous-tomes sans trop de logique ? Est-ce un manque d’équilibre entre les parties? Est-ce dû à cette astuce presque risible au bout du compte, d’éliminer systématiquement les personnages par convois ? Est-ce dû à une traduction qui rend le style de M. Martin, lourd, éreintant, voire anecdotique, sans envolée, ni un temps soit peu de grandioses descriptions propres au genre ? Est-ce dû enfin au manque cruel d’empathie envers ses personnages que l’auteur semble dédaigner, comme son propre attachement au monde et à tout ce qui l’entoure ?

Difficile de donner une réponse précise. Malheureusement, il apparaît que l’excitation transmise par la série est le seul moteur de la lecture. Ce sont Peter Dinklage, Kill Harington ou Emilia Clarke qu’on s’empresse de retrouver, sans aucun intérêt pour leurs doubles de papier.

Ce n’est pas la référence constante aux Rois Maudits de Maurice Druon – cité à chaque interview comme manne pour l’auteur – qui rend une quelconque crédibilité littéraire à A song of Ice and Fire, titre original ronflant pour l’ensemble de l’œuvre.

Je finirais en confessant que je ne suis pas arrivé au bout des 15 tomes, ou 5 intégrales, et que mon avis ne se porte pas sur l’ensemble des écrits de Georges Martin. La conscience professionnelle aura succombé devant la roborative lecture qui annihile sa propre cruauté à force de répétitions exagérées. Un peu d’air, et de souffle, par pitié !

Le trône de fer / G. R. R. Martin

 

Philippe

 

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