Où l'on en apprend sur la fabrication des livres médiévaux...

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Aujourd’hui, focus sur un manuscrit du XIVe siècle, incontournable de l’enseignement universitaire au Moyen-âge : le commentaire de Saint Thomas d’Aquin sur les Sentences de Pierre Lombard.

 

 

 

 

 

 

 

 

Vers 1146, Pierre Lombard, évêque italien et professeur à l’école de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, rédige un traité de théologie fondamental : les Quatre livres de sentences. Il est utilisé dans les universités comme manuel de théologie du XIIIe au XVIe siècle.

 

Vers le milieu du XIIIe siècle, Thomas d’Aquin, alors étudiant à Paris, en rédige le commentaire, avant de devenir lui aussi enseignant.

 

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Notre manuscrit, qui est une copie rédigée au XIVe siècle de ce commentaire, s’ouvre sur une miniature légèrement réhaussée d'or représentant un enseignant face à deux élèves. Serait-ce Pierre Lombard ou Thomas d’Aquin ...?

 

Sa reliure n’est certainement pas tout à fait contemporaine de l’écriture du texte, mais on trouve des éléments typiques de la fin du XVe ou du début XVIe siècle :

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Couvrure de peau "mégissée", ou "retournée" (qu’on appelle aussi parfois à tort "peau de daim") : elle est obtenu en utilisant le côté chair du cuir, plutôt que son côté extérieur, ce qui lui donne un aspect très velouté.

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La couvrure est tendue sur des "ais", des planchettes de bois. On voit nettement les vestiges d’anciens fermoirs, ainsi que des minuscules perforations qui indiquent la disparition de petites pièces métalliques décoratives appelées des "bouillons".

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Ce manuscrit modeste nous offre de nombreux éléments qui, lorsque l’on s’attarde à les contempler, montrent différentes étapes de sa fabrication.

 

Le parchemin utilisé est de qualité très inégale, souvent assez mauvaise. Le bord des feuillets est parfois à la forme de la peau plutôt qu’à celle du corps d’ouvrage.

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Certaines sont particulièrement jaunes, et présentent des imperfections nettes, qui peuvent avoir subi une tentative de réparation.

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 Dans le texte, on peut voir des traits délimitant les colonnes et les lignes d’écriture, à la manière d’un guide-âne : c’est la réglure. Utilisée par les copistes pour cadrer le texte, la réglure est souvent visible encore aujourd’hui.

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De nombreuses petites lettrines ouvrent des paragraphes importants : on voit que le copiste a simplement tracé une petite lettre à l'encre noire, que l’enlumineur est ensuite venu reprendre en décoration.

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 Seule fioriture de tout ce manuscrit dédié à l’étude : le premier feuillet présente un petit monstre à tête humaine. Il est typique de ce mouvement gothique qui inonde les pratiques artistiques de cette époque.

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Toutes les images de cette page sont issues de notre manuscrit "Ms 8". L'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes l'a entièrement numérisé. Vous pouvez le consulter sur le site de la Bibliothèque Virtuelle des Manuscrits Médiévaux, en cliquant ici.

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